Pure et Simple :
À la fin de mon premier séjour au monastère d'Ajahn Dtun, en Thaïlande, j'eus droit au traditionnel entretien d'adieu. Quand je fis part au Vénérable de ma tristesse à quitter ce lieu où je venais de passer des semaines exceptionnelles, il me demanda à brûle-pourpoint : « Que voulez-vous ? »
Mon esprit, vide, se figea. Je ne comprenais pas du tout à quoi cette question pouvait se référer. Avant que je n'aie eu le temps de me reprendre et de demander une explication, le Vénérable redemanda avec encore plus de force : « Que voulez-vous ? »
Alors une digue lâcha tout au fond de moi et je m'écriai, comme si on m'arrachait les mots :
- « Je veux être moine bouddhiste ! »
Ce fut au tour du Vénérable d'être surpris :
- « Moine ? Vous voulez dire nonne ? »
- « Non, moine. »
Cette fois ma voix avait l'intonation d'une enfant gâtée à qui on refuse un caprice. Mais le Vénérable ne me laissa pas le temps de m'apitoyer sur moi-même. Il cita aussitôt la célèbre phrase du Bouddha selon laquelle tout être humain peut atteindre l'Eveil : homme ou femme, ordonné ou laïc et, ajouta le Vénérable, oriental ou occidental.
Il me félicita ensuite pour m'être plongée à cent pour cent dans le mode de vie du monastère, mais insista en disant qu'à mon retour chez moi, je devrai, de la même manière, me plonger à cent pour cent dans ma vie de famille et professionnelle, sans que la pratique ait à en souffrir.
Je ne sais par quel miracle mais, en descendant les marches de la plateforme sur pilotis où cet entretien s'était tenu, le mot « libération » dansait sur mon front et je sentais le poids de la nostalgie de toute une vie s'envoler dans l'air béni du monastère.
La voie est ouverte à tous, homme ou femme, ordonné ou laïc... Si j'avais gardé le moindre doute à ce sujet, il se serait évanoui quelques années plus tard, quand je rencontrai les enseignements d'Upasika Kee.
Cette jeune femme sûre d'elle, inspirée par sa seule pratique et la lecture de quelques livrets des enseignements de maîtres contemporains comme Ajahn Chah et Ajahn Buddhadasa, abandonna « le monde » à l'âge de 35 ans pour un lieu de retraite isolé. Là, dans des conditions de vie d'une simplicité absolue, elle trouva l'Eveil par elle-même.
Parmi les disciples qui bénéficièrent de son enseignement dans les années qui suivirent, certains étaient ordonnés, mais elle-même demeura « laïque consacrée » (Upasika) jusqu'à la fin de sa vie. Indépendante et libre de toute structure.
La fraîcheur et la clarté des enseignements d'Upasika Kee sont, pour moi, la marque d'une femme : sens pratique, organisation, simplification. À celles et ceux qui recherchent un enseignement des plus profonds, transmis purement et simplement, je ne peux que recommander la lecture de ce livre.
Mais attention ! Upasika Kee n'accepte aucun compromis. Si vous vous engagez sur la voie de la pratique, faites-le de tout votre cœur, et ses conseils, alors, vous soutiendront tout au long du chemin.
Jeanne Schut Traductrice de la version anglaise, 2013
Ci-dessous les deux interview de Jeanne Schut consacrées à Upasika Kee Nanayon