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Bouddhisme au féminin - Partageons nos aspirations, nos questionnements, nos compréhensions




Vos Contributions et Témoignages

 

 

Ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain

Je viens d'un milieu chrétien pas trop pratiquant, j'ai été révoltée par tous les scandales de pédophilie qui ont affecté l'Eglise Catholique ces dernières années et quand j'ai découvert le Bouddhisme, ah c'était autre chose, j'ai cru respirer un air pur, enfin !
Ça m'a plu tout de suite, je n'avais plus à croire en quelque chose, je devais comprendre. Plus de "péché", plus de "pécheurs", des pratiquantes, des pratiquants. J'étais enthousiaste. Et puis, il y avait la tradition de la lignée, des maitres, qui devait nous apporter des réalisations certaines.
Le temps passant, mon enthousiasme a commencé à s'écorner. Les gens du centre n'étaient pas tous parfaits, zut! c'est vrai, je ne le suis pas non plus, mais eux ils pratiquaient depuis plus longtemps ! Et puis, j'en ai eu assez d'entendre toujours des hommes prendre la parole, j'ai cherché des maitres féminins et je n'en trouvais pas, au contraire, quand j'en ai parlé, on m'a dit que je devais renaître en homme pour devenir un bouddha, et ça, je n'ai pas aimé du tout ! Alors j'ai découvert Bouddhisme au féminin et une porte s'est ouverte pour moi.
J'y ai découvert les problèmes d'ordination des nonnes que j'ignorais. Et j'y ai lu cette histoire d'ordination des nonnes théravada et l'excommunication par les autorités bouddhistes de Thaïlande du moine australien qui avait accepté de les ordonner, l'excommunication, ça me rappelle l'Eglise Catholique ! et les nonnes en Angleterre qui ont dû signer cinq propositions, leur rappelant leur statut inférieur de femmes, sous peine de devoir quitter leur robe, ça c'est quasiment pire que chez les chrétiens !
Et puis, cette querelle des karmapas. S'ils sont éveillés, ils ne peuvent pas se rencontrer et s'entendre ? autour d'eux, ceux qui les soutiennent ne veulent pas "perdre la face" ? quelle image ça donne du bouddhisme !! Mais la cerise sur le gâteau, ça a été la confession du tulkou de Kalou Rimpoche sur Youtube, victime d'abus sexuels dans son monastère et d'une tentative d'assassinat par son précepteur. Alors là, j'ai tout remis en cause vraiment. C'était ça le bouddhisme ? Où était mon idéal premier ? Je suis sentie horriblement déçue, faire confiance à qui ?
J'ai tout arrêté pendant des mois, et puis, petit à petit, en parlant avec des amies bouddhistes de différentes traditions, je me suis rendu compte que j'avais été vraiment naïve, j'étais venue vers le bouddhisme en croyant que j'allais y trouver des gens déjà illluminés !!
Dans la réalité, je dois accepter qu'il y a des gens formidables dans le bouddhisme (comme chez les chrétiens), mais qu'on y retrouve aussi, comme chez les chrétiens, des dérives de sexe, le désir de pouvoir et d'argent, c'est triste, mais c'est la réalité. Au fond, je cherchais un paradis idéal, c'était plutot enfantin de ma part. J'ai l'impression d'avoir grandie, d'être plus lucide depuis cette prise de conscience. Maintenant, je ne me sens liée à aucune tradition, je veux et vais en explorer d'autres. Au delà des humains qui l'incarnent imparfaitement, l'enseignement du Bouddha est toujours là. Ma conclusion : Ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Cécile

 

Qu'offrons-nous comme modèles aux enfants ?

En relation avec la rubrique déconditionnons-nous, un regard sur les modèles offerts quotidiennement aux enfants.

A l'occasion du 8 mars, il y a eu plusieurs débats pour évoquer à nouveau, comme tous les ans, le décalage hommes/femmes des salaires, des retraites, le plafond de verre dans les entreprises, le chomage, le travail journalier supplémentaire des mères de famille, etc. bref tout ce qui se dit d'année en année, sans que ça bouge beaucoup. Mais je n'ai pas entendu un mot sur le conditionnement des enfants, et pourtant... ceci est le résultat de cela, bien évidemment. Il m'a fallu du temps pour en prendre conscience.

J'en ai déjà parlé dans cette tribune, je voudrais donner de nouveaux exemples : la popularité de la BD Astérix et Obélix, héros mâles faisant l'apologie constante de la violence, le savoir étant entre les mains du druide, lui aussi mâle bien entendu, et que dire des stéréotypes de femmes dans cette BD ? un autre exemple : Lucky Luke, l'homme qui tire plus vite que son ombre, avec à nouveau un combat perpétuellement renouvelé entre mâles et des femmes qui sont autant de caricatures. On peut encore remonter à la génération précédente avec Tintin dont les personnages sont tous masculins.

Parlons du jeu video éducatif japonais qui fait le bonheur des parents : le professeur Layton, ce jeu met en scène comme son nom l'indique un professeur homme qui interroge — vous l'aurez deviné — un jeune garçon bien sûr ! et les fameux "pokémons" sortis de l'imagination fertile d'un autre japonais : la vedette en est Sacha, un jeune garçon. L'essentiel de la série porte sur des combats, avec des dresseurs pour apprendre aux "pokemons" à se dresser les uns contre les autres. Il peut y avoir ici et là une figure féminine, mais c'est du remplissage, un personnage secondaire qui n'a pas d'intérêt réel.

De le savoir, de le voir, de questionner les films, les dessins animés, les publicités, les jeux, c'est déjà un pas vers un changement possible, vers une prise de conscience. Oui, tout est conditionnement, faisons l'apologie de la non-violence, d'hommes pacifiques, de femmes courageuses et pleines de ressources, comme ces femmes réelles qui luttent partout dans le monde pour qu'il soit meilleur, une lutte contre l'ignorance et les préjugés.

Ce qui caractérise tous ces messages en direction des enfants, c'est que c'est toujours le bon qui lutte contre le méchant, la dualité, la polarité simpliste où, bien sûr, on est du côté du bon. Et les enfants grandissent, regardent Star War (un autre exemple !!), et le résultat, on le voit quand on écoute les nouvelles, ce conditionnement où "les bons" se donnent le droit de faire la guerre aux "méchants", tant pis s'il y a ce qu'on appelle pudiquement maintenant "des dommages collatéraux", c'est-à-dire des gens tués autour de la cible, des victimes que l'on abat sans les voir, de loin sur son ordinateur, grâce à de nouvelles armes électroniques, des drônes par exemple.

Comme le disait un dirigeant américain à propose de la guerre en Irak, "bien sûr c'est dommage de tuer des innocents, mais on ne peut pas faire autrement, et d'ailleurs Dieu est avec nous ! "

Monique

 

 

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